Carros, village perché aux charmes inattendus
1 septembre 2023
Perché au sommet d’un « Roc » étroit, le village médiéval de Carros se présente aux visiteurs comme une invitation au voyage. Ce petit bout de terre coincé entre les hauts sommets Alpins et la mer Méditerranée, regorge, en effet, de surprises et d’étonnements. Que nous soyons amoureux d’histoires millénaires, de légendes provençales, de nature verdoyante ou d’art, le village perché de Carros possède de nombreux attraits qui saura séduire la majorité d’entre nous.
On ne croirait pas, lorsque nous longeons le fleuve du Var, qu’il y ait tant de choses à y découvrir. Et pourtant si… Plongeons ensemble au cœur de ce petit territoire méconnu…
1 – Carros, dix mille ans d’histoire encore visibles de nos jours
Des vestiges des premiers habitants de l’ère néolithique sont encore visibles dans les forêts carrossoises, notamment celui de la « Roche Fendue ». Celle-ci faisait partie des enceintes ligures et date du 6e siècle avant JC. Pour l’atteindre, une petite marche d’une vingtaine de minutes suffit, en suivant la direction du « Canal de la Gravière »(photo ci-contre).
Un autre site néolithique, dit du « Laurume », se situe dans un contrefort bordé par des barres rocheuses au sud et une grande doline à l’ouest. Il s’agit d’un camp ligure pré-romain construit au cours du 4e siècle avant JC, et servant essentiellement de refuge en cas d’attaque, même si quelques hommes y vivaient à l’année pour y poursuivre leur activité agropastorale.
Au 2è siècle avant JC, un village gallo-romain, sous forme d’un camp fortifié en bois, voit le jour sur le site de l’actuel cimetière. Encore aujourd’hui, vous pouvez apercevoir de nombreuses pierres gravées un peu partout sur le territoire de Carros. Une ancienne carrière, au lieu-dit de la Clapière, est visible route Jean Natal où sont préservés différents Menhirs.
Au temps du Moyen-Age
En 1156, le château de Carros sort de terre, construit par le seigneur Rostaing. Cet ouvrage était destiné à surveiller la frontière entre le Royaume de France et le Comté de Piémont-Sardaigne, frontière située sur l’actuel lit du fleuve Var. La gérance du château changera moins de cinquante ans plus tard, pour passer aux mains de la famille De Blacas. Celle-ci restera seigneur de Carros jusqu’à la Révolution, plus de 600 ans plus tard.
Dès le 12e siècle, les paysans construisent de grandes maisons autour du château, ce qui formera le village actuel. Construit sur un seul et même rocher, et par manque de place, les habitations vont se coller pour former des ruelles étroites et un mur d’enceinte tout autour du château, formant des remparts quasiment impénétrables. La vie autour de ce château restera inchangée jusqu’en 1789. Puis les seigneurs quittèrent les lieux, inquiets de la gronde populaire qui enflait partout en France. La Révolution n’est pas loin…
Il est très intéressant aujourd’hui de se plonger dans les ruelles étroites du village perché de Carros. Celui-ci renferme mille secrets de la période médiévale. De plus, la visite du château nous permet de nous replonger un peu dans la vie faste des seigneurs. En effet, l’on y voit de nombreux vestiges de ce temps passé, comme les cheminées décorées ou les plafonds peints.
Le saviez-vous ?
La route romaine la plus importante de l’actuel département des Alpes-Maritimes passait par Carros. Construite au premier siècle après J-C, il s’agissait de la seule route carrossable du département. Elle partait du port d’Antea (Antibes) et reliait Le Broc, en passant par Vence. Aujourd’hui, il ne reste qu’une petite portion de cinq kilomètres restés en l’état. La route est toutefois fermée aux véhicules motorisés depuis 2018 pour des raisons de sécurité. Il est toutefois possible de s’y rendre à pied. Pour cela, il suffit d’emprunter la route Jean Natal. Au bout de la rue, vous trouverez le chemin de terre qui vous emmènera jusqu’à Saint-Jeannet.
2 – Carros, la nature y est reine
Il n’est pas difficile de comprendre qu’ici, à Carros, la nature a toute sa place. Entre les forêts de pins, les vallons obscures et les différents jardins, le promeneur pourra aisément passer d’un décor à l’autre. Et découvrir, par l’occasion, les essences et senteurs si typique de la Méditerranée.
Un premier lieu de curiosité est à découvrir, au site du « Pont de la Lune ». Situé en dessous du village de Carros, cet endroit est, ce que l’on appelle ici, un « vallon obscur ». En effet, les rayons du soleil ont beaucoup de mal à transpercer la couche épaisse des arbres. Ces derniers ne perdent ainsi jamais leurs feuilles, en été, comme en hiver. De plus, la topographie du lieu y préserve l’humidité. Celle-ci favorise la pousse de certaines espèces de plantes et préserve la vie d’animaux rares à voir dans un espace naturel, tel que la salamandre tachetée ou certaines espèces de Rainette. Bon à savoir : des panneaux de découverte sont installés sur une partie du sentier, apportant toutes les réponses sur la vie des forêts méditerranéennes.
De plus, les ruines d’un ancien moulin sont encore visibles en contrebas du pont. Du gaz naturel se forme au fond des quelques bassins d’eau stagnante. Plongez-y un bâton délicatement et vous verrez des bulles remonter (photo ci-contre).
Une petite randonnée sur les Balcons de Carros ?
Si vous souhaitez prendre de la hauteur, un second sentier vous mènera jusqu’aux « Balcons de Carros ». Ce petit chemin vous fera découvrir de nombreux trésors cachés, tel que le premier lavoir du village, construit au 15e siècle, d’où s’écoule l’eau de source de la Foux. Un peu plus haut, dans un espace boisé et caché des regards, vous y découvrirez le site de la « Roche Fendue ».
Et enfin, après une ascension de 300 mètres de dénivelé, vous arriverez au sommet de la colline surplombant le village. D’ici, la vue sur la plaine du Var y est remarquable, de la ville de Nice et son bleu méditerranéen, aux neiges des hauts sommets du Mercantour. Et avec un peu de chance, si vous partez tôt le matin un jour dégagé d’hiver, vous pourrez apercevoir les montagnes corses !
3 – Carros, ville des arts et de la culture
Les artistes ont toujours été présents sur la Côte d’Azur, c’est bien connu, attirés par une luminosité et des couleurs que l’on ne voit nulle part ailleurs. Et Carros, village perché, ne manque pas à la règle.
Dans les années 1910, Octave Denis Victor Guillonnet (aussi appelé ODV), peintre officiel de la 3e République, s’installera à Carros tous les étés, jusqu’à sa mort en 1967. Peintre des sports et grand décorateur des Palais Nationaux, il réalisera, dans l’ancienne forge du Château, devenu son atelier, ses plus grandes œuvres, telles que les affiches des Jeux Olympique de Paris en 1924.
Le village perché de Carros a toujours gardé son âme artistique. C’est pourquoi, en 1998, un Centre International d’Art Contemporain a été installé au sein du Château de Carros. Une exposition permanente sur le peintre ODV Guillonnet y est présentée dans une salle du rez-de-chaussée. Plusieurs expositions temporaires sont à découvrir tout au long de l’année.
À Carros, l’art se découvre en plein air, aussi. Au détour d’un chemin ou d’une route, vous tomberez, peut-être, sur les pyramides bleues de l’artiste Marc Da Costa, ou encore les pierres peintes de Daniel Fillod.
La culture n’est pas en reste à Carros. De nombreux festivals sont présents tout au long de l’année, comme les désormais immanquables « Nuits de la Villa ». En été, de très nombreux artistes se produisent dans l’amphithéâtre de la Villa Barbary. Les soirées sont alors sous le signe du spectacle (théâtre, concert, opéra, cirque, …). A l’automne, ne manquez pas non plus le festival “Jacques a Dit”. Les arts de la parole prennent place dans toute la commune. Les ruelles et placettes se transforment, le temps d’un week-end, en salle de spectacle…
4 – Carros, l’ère du patrimoine religieux
Construite entre 1752 et 1755, la chapelle des Pénitents Blancs est typique des constructions de cette confrérie, avec une façade symétrique et un pignon. Les niches accueillaient les statues de saints. Après la Révolution, la chapelle est devenue une maison de village. L’autel et le buste reliquaire de Saint-Claude ont été transférés au sein de l’Église du village.
Dans le quartier des Plans, la chapelle Notre-Dame-des-Selves recèle bien des secrets. Selon les dernières investigations archéologiques, le site aurait été occupé dès l’Antiquité. L’église paroissiale fut construite en deux fois, au 11e siècle puis au 12e siècle. Cette construction représente peut-être l’un des plus anciens centres religieux des Alpes-Maritimes. L’église a subi de nombreuses transformations et a pris la forme de la chapelle actuelle, à la fin du 17e siècle.
instagram@Carros_tourisme
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Construite au 12e siècle, la chapelle du Château a connu, en 1664, de vastes travaux de construction et d’agrandissement pour devenir l’Église Saint-Claude. En 1673, la paroisse est officiellement transférée de l’église Notre-Dame-de-Cola à l’église actuelle. L’édifice est agrandie une nouvelle fois en 1857 et acquise par la commune en 1905. La légende raconte que, le seigneur Claude de Blacas, ayant une grande fainéantise, ne voulait plus descendre les quelques dizaines de mètres séparant le château de l’Église Notre-Dame-de-Cola, et qu’il fit agrandir sa chapelle en y installant un « couloir secret » passant par le clocher afin de relier son château à l’église…
Le monastère carmélite
Le village perché de Carros étant un lieu propice au calme et à la méditation, un monastère carmélite fut inauguré le 18 avril 1971. Le bâtiment est composé de trois corps formant un U. Il s’étend dans un cadre naturel et verdoyant, offrant une splendide vue sur la mer et les montagnes.
Le monastère remonte au Carmel de Narbonne, ordre fondé en 1620, dispersé à la Révolution française et restauré en 1866. Il est placé sous le patronage de Saint-Joseph et de Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus. La communauté est composée de 11 sœurs dont la vie se partage entre la prière et le travail.
Aussi, il n’est pas possible de visiter le monastère. En revanche, les fidèles et croyants pourront participer à des messes et des célébrations, aux côtés des religieuses. Attention toutefois, le Carmel étant un ordre imposant la séparation des religieux de la vie civile, vous ne pourrez pas parler aux sœurs.
J’espère avoir réussi à vous convaincre de l’intérêt touristique de ce vieux village, par ailleurs, classé aux monuments historiques. Visitez-le à votre rythme, parcourez ses ruelles fleuries par les riverains et levez les yeux. Offrez-vous la visite du Centre International d’Art Contemporain installé au sein château.
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Bonne visite !