Sur les pas d’Henri Matisse à Nice et à Vence
20 avril 2023
De Nice, son lieu de villégiature durant 27 ans, à Cagnes-sur-Mer avec sa rencontre avec Renoir, jusqu’à sa retraite à Vence durant la guerre, Henri Matisse a laissé son empreinte polychrome et durable dans cette région qu’il chérissait tant.
Quand j’ai compris que chaque matin je reverrais cette lumière, je ne pouvais croire à mon bonheur. Je décidai de ne pas quitter Nice, et j’y ai demeuré pratiquement toute mon existence.
Henri Matisse (31 décembre 1869 à Cateau-Cambrésis – 3 novembre 1954 à Nice)
Henri Matisse a entretenu une histoire d’amour avec Nice Côte d’Azur durant 37 ans. Lorsque le peintre découvrit Nice en 1917, à l’âge de 48 ans, la lumière, les reflets de la mer Méditerranée provoquèrent chez lui une émotion et une passion sans pareilles. Venu soigné une mauvaise bronchite, l’artiste y vécut tout le reste de sa vie.
À Nice, premier contact de Matisse avec le Sud
Lieux de vie
C’est à Nice, à l’hôtel Beau Rivage que le peintre Henri Matisse entama son premier séjour dans le Sud, en décembre 1917. Depuis sa chambre étroite et somme toute banale, une fenêtre ouverte sur la mer, Matisse y peignit ses premiers « intérieurs niçois ».
Aujourd’hui centenaire, l’hôtel Beau Rivage est un établissement 4* idéalement situé entre la mer, la vieille-ville et le centre. Il dispose d’une plage privée et de 114 chambres à la décoration chic et contemporaine imaginée par l’architecte Jean-Michel Wilmotte.
L’hôtel propose un forfait couplant la nuit d’hôtel et la visite du musée, avec possibilité d’organisation de visites personnalisées. Se renseigner directement auprès du musée
Puis en quête d’un atelier, Matisse loua un appartement, au 105 Quai des États-Unis.
Il y peignit « Le violoniste à la fenêtre » (printemps 1918).
En 1921, l’artiste s’installa dans un appartement au fond du très animé Cours Saleya, dans le Vieux-Nice (Palais Caïs de Pierlas – 1 Place Charles Félix), d’abord au 3ème étage puis au 4ème. Disposant d’un balcon sur la mer, il y peignit des natures mortes, des intérieurs, des nus et des Odalisques caractérisant sa « période niçoise ». Matisse aimait aussi fréquenter le quartier du port de Nice. Il s’inscrivit en 1927 au Club Nautique de Nice et pratiqua assidument l’aviron.
En 1938, Matisse acheta un vaste appartement dans le quartier bourgeois de Cimiez, dans l’ancien hôtel construit pour accueillir la Reine Régina à la fin du XIXème siècle. Sur les murs de son spacieux logis, l’artiste a déployé ses grandes compositions en papiers gouachés découpés. Il y réalisa aussi celles qui décorent la chapelle des dominicains à Vence (voir plus bas).
Aujourd’hui l’ancien hôtel Régina est un bâtiment d’habitations privées, classé au patrimoine des Monuments Historiques.
En 1943, face à la menace de l’occupation allemande, Matisse quitta Nice pour s’installer à Vence. Il reviendra au Régina en 1948. Matisse est décédé chez lui le 3 novembre 1954. Il repose désormais au cimetière du Monastère de Cimiez, non loin du peintre Raoul Dufy décédé un an plus tôt.
Un musée entièrement consacré à l’artiste et à ses œuvres
En 1953, un an avant son décès, le maître a généreusement offert à la ville de Nice plusieurs de ses créations en vue d’établir un musée dédié.
Installé depuis 1963 sur les hauteurs de Nice dans le quartier de Cimiez, le Musée Matisse est dans les murs de la Villa des Arènes. Sa façade rouge ocre et son style génois du 17ème siècle s’intègrent magistralement au milieu de l’oliveraie du parc des Arènes de Cimiez.
Entièrement consacrée à l’artiste, la collection comprend 31 peintures, 454 dessins et gravures, 38 gouaches découpées et 57 sculptures, couvrant toutes les périodes de production du Maître, ainsi que plus de 400 éléments de gouaches découpées et d’objets personnels. Visiter le Musée Matisse c’est ainsi avoir le privilège de pénétrer dans l’intimité de sa création artistique. L’intérêt de la collection réside en effet dans le panorama qu’elle offre depuis les premières peintures, de 1890 jusqu’aux papiers gouachés de la fin de la vie de Matisse.
En 2023, le Musée National Henri Matisse a fêté ses 60 ans.
Le musée Matisse est ouvert tous les jours, sauf le mardi et certains jours fériés. Plus d’informations ici.
Une restauration hors norme de la gouache “Fleurs et Fruits”
Pendant deux ans, le musée Matisse a mené un vaste programme de recherche et de restauration autour de la grande gouache découpée “Fleurs et fruits”. Ce chef-d’œuvre d’Henri Matisse accueille le visiteur dès son entrée au musée. Le musée présente désormais le tableau monumental dans une vitrine à sa mesure. Cette nouvelle mise en valeur a mobilisé de nombreux experts au niveau international.
Un court-métrage documentaire retrace ce chantier d’envergure (vidéo ci-dessous).
À Cagnes-sur-Mer, Matisse visite son ami Renoir
Matisse aimait rendre visite à son ami Renoir dans sa maison paisible de Cagnes-sur-Mer (aujourd’hui Musée Renoir).
Au sein d’un jardin complanté d’oliviers et d’orangers, la Villa des Collettes a été la dernière demeure du peintre impressionniste Auguste Renoir, décédé le 3 décembre 1919.
Les deux artistes s’appréciaient et Matisse n’a pas résisté à poser à son tour son chevalet dans le jardin de Renoir. Il y réalisa plusieurs œuvres.
Le musée Renoir est ouvert tous les jours, sauf le mardi et certains jours fériés. Plus d’informations ici
Après Nice, le testament artistique d’Henri Matisse à Vence
Fuyant la menace allemande, Henri Matisse s’éloigna de Nice pour s’installer à Vence, dans la Villa Le Rêve en juin 1943
Dans un quartier calme et résidentiel, la villa, avec son jardin de 2500m² arboré et fleuri, bénéficie du soleil du matin au soir et d’une vue sur la cité historique de Vence et la mer. Matisse appréciait sa terrasse fleurie et son jardin aux essences méditerranéennes.
Matisse y réalisa des œuvres majeures dont la célèbre « Nature Morte aux grenades », « Nature Morte devant fenêtre au Palmier » ou encore le « Grand intérieur Rouge » (visuel ci-contre).
Bon à savoir : La ville de Vence et la Fondation du patrimoine pour les Alpes-Maritimes portent le projet de rénover et de réhabiliter la Villa le Rêve, afin d’offrir aux visiteurs l’expérience unique de découvrir le lieu-même où l’artiste a vécu et créé des œuvres parmi les plus significatives. Pour financer cette rénovation, la maison-atelier de Matisse bénéficiera d’une partie des recettes du Loto du Patrimoine 2023.
En 1947, le peintre accepta une commande d’une sœur dominicaine, amie et ancien modèle qui avait posé pour lui. La religieuse lui demanda de faire un vitrail pour le garage qui servait de chapelle à sa congrégation. Alors âgé de 78 ans, Matisse prit le projet à cœur et décida de partir sur une construction neuve. Voulant réaliser une œuvre totale, le maître conçut l’ensemble de la chapelle, de l’architecture blanche très dépouillée, à la décoration intérieure épurée, des vitraux au mobilier et même une demi-douzaine de chasubles d’officiants. Commencée en 1948, la Chapelle du Rosaire a été inaugurée le 25 juin 1951. L’artiste déclara ensuite qu’il s’agissait là de son chef-d’œuvre et testament artistique.
Composés de trois couleurs (le jaune, le vert et le bleu), les grands vitraux inondent de lumière les murs blanchis à la chaux et les 3 grands tableaux en traits noirs sur céramiques blanches évoquent Saint-Dominique, la Nativité et le chemin de croix.
Les Sœurs Dominicaines vous accueillent individuellement, en famille ou en groupe, pour visiter la chapelle du Rosaire et le nouvel espace muséal. Plus d’informations ici.
À Saint-Jean-Cap-Ferrat, chez l’éditeur d’Henri Matisse
Sensible aux charmes de Saint-Jean-Cap-Ferrat, Henri Matisse aimait rendre visite à son éditeur qui y possédait la Villa Natacha. Le peintre réalisa un vitrail et un mur en céramique dans la salle à manger de la villa. Au décès d’Alice Tériade, l’épouse de l’éditeur, l’ensemble de la fondation a été envoyé au Musée Matisse de Cateau-Cambrésis, ville natale de l’artiste. La salle à manger que seuls les intimes du couple connaissaient, est désormais reconstituée à l’identique à l’étage du musée et visible de tous.
Pierre Matisse (1900-1989), le fils du peintre, est d’ailleurs enterré au cimetière de la ville. Célèbre marchand d’art, Pierre créa sa galerie à New York et s’attacha à faire connaître les œuvres des artistes de l’Art moderne, de son père et de ses nombreux amis.
(photo ci-contre : Henri Matisse et son éditeur Alec Tériade dans les jardins de la villa Natacha)
La Villa Natacha ne se visite pas. Mais à Saint-Jean-Cap-Ferrat, un autre immense artiste a également laissé son empreinte. Ne manquez pas la visite de la Villa Santo Sospir, décorée par Jean Cocteau ! Après plusieurs années de rénovation, la villa devrait rouvrir très prochainement au public (fin 2023). Plus d’informations ici
“L’héritage artistique laissé par Henri Matisse est une bénédiction pour tous nos visiteurs.
Engagez vos pas dans ceux du maître et découvrez les paysages qui l’ont tant charmé”